Étreinte

Pierre Rabardel et Julia Lopez 2019

 

Performances et images Alain Bernardini et Raphaële Bertho

 

 

Une sculpture s’est envolée, de velours absentée des regards. Et si on ne peut la toucher des yeux, comment la rencontrer ? Offrez vos mains, vos bras, vos rêves jusqu’à l’étreindre s’il le faut ? Se livrera t’elle pour vous ? Oserez-vous l’imaginer ?

 

Telle était notre  proposition ...

... Rencontres

 

j’y suis allée avec le corps, c’était assez agréable, c’était comme d’enlacer un corps, plutôt un corps de femme on va dire.

 J’avais l’impression de pouvoir mettre mes mains, mes bras dans les interstices d’un corps comme quand on est enlacé avec un autre corps et qu’on va aller, avec ses mains ou son pied, se mettre dans les plis de l’autre, faire un peu des nœuds avec le corps de l’autre…

 Une impression vraiment agréable, un truc assez sensuel, assez sexuel je dirais même. Il y avait un coté très agréable à la fois doux et un truc où on s’abandonne.

 

J’ai touché et je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose de dur à l’intérieur de quelque chose de doux c’était assez étrange.  J’ai enlacé …  quand tu enlaces c’est magique, ça te replonge dans des bons souvenirs. Moi j’ai beaucoup voyagé et parfois j’ai dormi sur du béton. Ça m’a rappelé ces moments-là où je m’allongeais sur le sol quand je m’étais enfuie avec mon petit frère.  Quand j’ai touché l’œuvre ça m’a rappelé toutes les sensations que j’ai eu pendant ce voyage. À ce moment-là je me suis senti en fait libre…

Ça m’a replongé directement dans ce que j’avais vécu dans ce voyage et ça c’est quelque chose qui ne m’était jamais arrivé . C’est la première fois que j’ai des sensations comme ça. La dureté de la sculpture et la légèreté du tissu, c’est les deux combinés qui ont fait en sorte que je me replonge dans ces souvenirs-là.

 

Ces drapés qui tombent, il y a manifestement quelque chose à l’intérieur. Il y a tout de suite un mystère, c’est un peu comme un vêtement il y a quelque chose de caché.

 J’ai pas osé faire l’expérience de l’étreinte tout de suite. J’étais un peu intimidé. Après j’ai eu envie de jouer avec les drapés. Là tout d’un coup on a l’impression d’être avec une personne. C’est quelque chose qui impose une présence, il y a une espèce de force qui se dégage de ça.

 Ce qui m’est venu avec cette œuvre c’est l’idée de la consolation d’une forme de solitude qui m’est échue aujourd’hui par les hasards de la vie. Du coup je me suis dit c’est une œuvre qui va te consoler de cette solitude subie que je vis aujourd’hui et que j’avais pas forcément choisie.

C’était une pensée un peu ironique sur moi-même… tu n’es pas venu là pour rien, il y a cette œuvre, tu la prends dans tes bras, il va se passer des choses...

 

C’est assez impressionnant cette installation. On sait pas ce qui est autorisé ou pas. Il y a eu une petite timidité… J’ai, eu besoin de fermer les yeux pour pouvoir vraiment me mettre dans mes mains et être complètement concentré sur ce sens là.

 Au premier contact j'ai senti une densité, un poids, une rugosité. Je sais pas pourquoi ça m’a fait penser à un anneau d’amarrage de bateau, ce tores pas très lisse, que j’ai senti en métal. En même temps c’est très lourd. J’ai eu la sensation d’être confronté à une force … qui vient du poids peut-être, de sentir une résistance.

 Je sais pas pourquoi ça me fait penser à Beuys, peut-être parce qu’il y a du tissu, des couvertures, c’est quelque chose on le vit physiquement quoi, c’est le corps qui sent la sculpture, c’est pas juste les yeux…peut-être que c’est parce que c’est une œuvre qui agit sur la sensation du toucher, c’est la peau qui la sent .Le velours il est pas là seulement pour cacher, il fait partie intégrante de la sensation.